L’agilité a aussi besoin d’architectes agiles !
Avis d'experts
24 octobre 2020
L’agilité s’est désormais imposée dans un très grand nombre de sociétés, voyant apparaître de nouveaux rôles et responsabilités. Et pour beaucoup de projets, l’agilité a été instanciée en dépossédant l’architecte de ses prérogatives, car il est souvent considéré comme un frein trop arc-bouté sur ses positions. L’architecture est désormais de plus en plus à la main des projets.
Mais combien de projets digitaux se créent de manière orthogonale aux principes d’architecture énoncés par les architectes ? Certainement encore beaucoup. Ce serait donc faire une grave erreur que de rejeter le rôle d’architecte. L’architecte doit certes se transformer, mais certainement pas disparaître. Et ce n’est pas parce que l’architecte était souvent « hors équipe projet » qu’il faille qu’il le reste.
C’est ainsi qu’on entend parfois l’expression « Architecte Agile ». Cette expression décrit un architecte qui d’un donneur d’ordres dans sa tour de contrôle, devient un coach, un leader, un facilitateur. Et un architecte qui s’implique au plus près des projets.
L’architecte agile, un leader avant toute chose
Il ne faut donc plus voir l’architecte agile comme étant un responsable technique opérant dans la plus pure tradition du command and control. Il faut plutôt le voir comme un leader naturel qui accompagne les projets et les métiers. L’architecte agile joue ainsi plusieurs nouveaux rôles primordiaux dans la vie d’un projet.
- L’architecte agile doit être un coach.
L’architecte doit se transformer en coach pluridisciplinaire.
Une tendance forte que l’on retrouve aussi bien dans le Framework SAFE, dans le modèle Spotify, et enfin dans la littérature récente sur le sujet.
- L’architecte agile doit être facilitateur.
Il se doit désormais de faciliter les échanges entre les interlocuteurs métiers et les équipes IT.
En adoptant le bon niveau de langage, il permet de fluidifier la communication entre les équipes. Il assure également le bon alignement entre les enjeux métier et les solutions proposées.
- L’architecte agile doit être un conseiller.
Il se doit d’apporter des solutions pragmatiques aux besoins métier. En étant l’interlocuteur privilégié des métiers, l’architecte doit challenger les besoins métier sur leur pertinence, leur priorité et leur complexité induite.
A travers ce rôle de conseiller, il permet d’apporter la solution la plus pertinente. Et ce afin de délivrer la valeur métier maximale au plus tôt, tout en maîtrisant l’évolutivité du projet.
- L’architecte agile doit être un visionnaire.
Au travers de la veille technologique et concurrentielle, il doit contribuer au développement de l’innovation. De par sa réflexion en proposant de nouvelles idées et de nouveaux usages. Le tout en restant à jour technologiquement.
Bien sûr, pour remplir ces nouveaux rôles au mieux, l’architecte doit se parer de qualités qu’on ne lui demandait pas avant.

L’architecte agile, un agent de l’agilité, dans son organisation et dans son métier
Dès lors que l’architecte agile sa posture pour une posture plus agile, il peut agir avec un certain nombre de qualités et de valeurs qu’on ne lui demandait pas auparavant, ou du moins pas autant.
Il doit être un agent de l’évolutivité.
L’architecte doit permettre à l’architecture qu’il définit d’être évolutive au travers du temps. Il s’appuie sur des bonnes pratiques d’architecture qui elles-mêmes évoluent dans le temps, et prend toujours la possibilité du changement en compte.
Il doit être un agent de la collaboration. L’architecte, en coordonnant divers profils et compétences, fait émerger les meilleures architectures en faisant travailler les acteurs ensemble.
Le tout en laissant des marges de liberté à chacun. Il pourra en effet se reposer sur le manifeste agile : « Les meilleures architectures, spécifications et conceptions émergent d’équipes auto organisées. »
Il doit être un agent du test and learn.
L’architecte agile infuse constamment l’esprit du « test and learn ».
Il prône le prototypage rapide à chaque étape du développement et de la conception.
Il doit être un agent de la lisibilité de l’IT.
L’architecte agile s’emploie à cartographier l’IT, mais également à partager son travail à chacun.
Enfin il prône la simplicité dans la conception d’architecture afin de faciliter son évolutivité.
Il doit être un coordinateur de la valeur métier.
Du cadrage des initiatives, à leurs priorisations puis aux choix d’architecture, l’architecte agile est continuellement présent dans la chaîne de valeur.
Et enfin il doit être un architecte bien outillé : L’architecte doit s’outiller pour :
- Cadrer : Avec des architecture Canvas
- Animer les ateliers : Avec les Serious Games
- Modéliser : Avec l’émergence du Domain Driven Design
- Partager : Avec les Architectural Katas
Une réelle évolution pour un réel besoin
On voit donc que l’architecte agile n’est pas qu’une terminologie pour « rebrander » l’architecte.
C’est un vrai sujet de changement de positionnement. Et il doit s’accompagner très souvent de formations pour appréhender ce réel changement de paradigme. Et ce afin de mieux soutenir les projets, qui eux sont agiles.
Pour aller plus loin
De nombreuses publications évoquent cette idée d’architecte agile. On peut citer « The Agile Architecture Revolution » de Jason Bloomberg, publié en 2012 et qui reste d’une grande actualité.
Livre qui fait d’ailleurs partie de la bibliographie de référence du framework d’agilité SAFE. Et pour compléter, sur des volets beaucoup plus opérationnels, « Building Evolutionary Architectures » de Neal Ford.
Auteur de la tribune
Article rédigé par Thomas Jardinet, Manager Architecture and Data dans la practice CIO Advisory & Agility de Magellan Consulting.
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